Rencontres

"Il faut travailler main dans la main, entre professionnels et bénévoles associatifs.”

Jean-Marie Frichet Chef de mission

Rencontre avec l’homme qui conduira l’Équipe de France Paralympique à PyeongChang. Cet ancien guide en para ski alpin, grand passionné et figure emblématique du ski handisport, a été désigné chef de mission pour ces 12es Jeux Paralympiques d’hiver.

Comment voyez-vous le rôle du chef de mission ?

Le chef de mission doit créer une dynamique et une cohésion. Mon rôle est de diriger cette équipe qui a l’objectif colossal de livrer les meilleures performances possibles sur la scène internationale. Je dois m’assurer, dans cette perspective, que les athlètes français disposeront de conditions de fonctionnement optimales durant la période des Jeux. Pour cela je travaille en relation avec les équipes du Comité Paralympique et Sportif Français afin d’accompagner au mieux les besoins des sportifs et des cadres tous issus de la Fédération Française Handisport (FFH), pour les Jeux d’hiver.

Vous avez participé à plusieurs paralympiades en tant que guide et directeur du ski handisport, pouvez-vous nous parler de votre vision de l’évolution des Jeux Paralympiques ?

J’ai participé à Séoul en 1988 à mes premiers Jeux comme guide de Stéphane SAAS (mal voyant catégorie B2). Depuis, de nombreux changements se sont opérés tant d’un point de vue de l’évolution du matériel que de la reconnaissance apportée aux sportifs paralympiques au travers d’une médiatisation de plus en plus grande.

Comment concevez-vous le séjour de l’Équipe de France Paralympique à PyeongChang et comment préparezvous les Jeux ? Quelles sont les valeurs et les messages que vous souhaitez transmettre ?

Il est important que nous arrivions à créer un esprit collectif et que nous parvenions à faire vivre une seule et grande Équipe de France Paralympique.
L’objectif du CPSF et de fait, du chef de mission, est de tout mettre en oeuvre pour que l’expérience des Jeux soit la plus réussie possible et vienne concrétiser la préparation menée par les sportifs et cadres de la FFH ces dernières années. Je tiens également à mettre en avant le travail des bénévoles.
Il ne faut pas oublier que si le handisport est actuellement reconnu et très convoité c’est grâce à des bénévoles passionnés et à des clubs handisport et valides qui se sont investis sans limite auprès des personnes en situation de handicap.
Il faut travailler main dans la main, entre professionnels et bénévoles associatifs. L’aspect financier ne doit pas être l’unique motivation des professionnels.

Palmarès guide para ski alpin

Paralympiques Nagano 1998​

  • Porte-drapeau

Paralympiques Lillehammer 1994

  • Triple champion paralympique avec Stéphane Saas en Super G, Géant et Spécial et médaillé d’argent en Descente

Paralympiques Tignes-Albertville 1992

  • Double champion paralympique avec Stéphane Saas en Super G et Géant

"Nous avons un groupe avec de réelles qualités individuelles : nous visons une place dans le top 5 !

Pierrick Giraudeau - Directeur de la mission performance de la Fédération Française Handisport

Après une 5ème place à Sotchi en 2014, quels sont vos objectifs pour les Jeux Paralympiques de PyeongChang ?

L’objectif est bien évidemment de faire au moins aussi bien sinon mieux qu’à Sotchi. Nous avons un groupe avec de réelles qualités individuelles : nous visons une place dans le Top 5. Si les planètes s’alignent, le podium pourrait être une belle récompense pour l’investissement des sportifs, des cadres et de la fédération sur cette paralympiade.

Les bons résultats des Équipes de France la saison dernière augurent-ils de belles choses pour nos Français ?​

Par expérience, les résultats des Mondiaux de la saison précédente ne préfigurent pas forcément de ceux de la France aux Jeux Paralympiques.
Cependant, les belles performances en para ski alpin, para ski nordique et para snowboard en 2017 demeurent de bons indicateurs sur la capacité de nos athlètes tricolores à truster les podiums. Sur cette compétition si partculière, nous veillerons à ce que nos sportifs restent concentrés sur leurs forces et sur ce qu’ils savent faire, et même très bien faire.

Quels sont les atouts majeurs de cette Équipe de France ?

Nous avons un nombre conséquent d’athlètes en capacité de remporter des médailles. L’homogénéité significative de ce collectif est une force majeure pour nous car au-delà des “têtes d’affiche”, nous pouvons compter sur de nouveaux éléments au niveau prometteur.

Sur chacune des trois disciplines paralympiques où les sportifs handisport seront présents à PyeongChang, nous avons plusieurs chances de médailles… Et ceci est le fruit d’une politique sportive menée par la Fédération Française Handisport depuis plusieurs années maintenant.

En quoi l’encadrement de l’équipe joue-t-il un rôle déterminant dans la préparation des Bleus ?

Il y a un staff dédié à la préparation de nos athlètes. Directeur sportif, entraîneurs, techniciens ski, médecins, paramédicaux, c’est un travail à l’unisson. Nous avançons ensemble depuis quelques années maintenant de façon à additionner nos forces et permettre aux athlètes de bénéficier d’un suivi sur-mesure, prenant en compte leurs points forts et leurs points faibles. Au-delà de l’encadrement des Équipes de France, je n’oublie pas non plus toutes les personnes ou structures qui oeuvrent à l’accompagnement individuel d’un ou plusieurs sportifs sur les temps de liaison “hors équipe de France”.

La délégation française sera restreinte. Doit-on parler de “petite délégation” ? Est-ce une stratégie ?

La notion de petite ou de grande délégation n’est pas significative car l’objectif final est de parvenir à des résultats en cohérence avec les objectifs fixés. Le problème ne réside pas dans le volume de la délégation mais bien dans la capacité à encadrer du mieux possible ceux qui vont chercher les résultats. Après c’est plutôt logique, moins il y a de sportifs, plus nous pouvons nous en occuper et l’individualisation est une donnée clé : travailler sur les retours techniques, l’analyse vidéo, la préparation stratégique en lien avec l’accompagnement médical mais aussi la préparation des skis qui est un déterminant de la performance ! Le haut niveau se joue sur des détails et ce sont ces petits ajustements qui font la différence.

"Nos coureurs sont au sommet de la hiérarchie mondiale, l’objectif de la concurrence sera de les pousser dehors."

Christian Fémy - Directeur des équipes de ski handisport

Quel travail mène au quotidien la commission ski handisport de la FFH pour préparer les athlètes aux Jeux Paralympiques ?​

La commission ski que je coordonne regroupe trois sports : le para ski alpin, le para ski nordique et le para snowboard. Nous menons tout au long de la saison un travail transversal et veillons à nous adapter aux spécificités de chaque discipline. Les deux dénominateurs communs de ces trois sports sont la neige et le chronomètre. Dès lors, le travail se fait tout naturellement vers un seul objectif et de façon à porter les athlètes vers le meilleur niveau. Il y a une belle dynamique avec l’encadrement et une vraie cohésion du groupe : c’est quelque chose qui m’importe beaucoup ! La commission ski s’investit énormément pour proposer aux athlètes des regroupements réguliers, un encadrement de qualité et des possibilités d’entraînements optimales… Nous mettons un point d’honneur à proposer un suivi personnalisé et avons le souci du détail !

Le haut niveau ne vous est pas inconnu, ce sont vos deuxièmes Jeux Paralympiques en tant que Directeur Sportif, dans quel état d’esprit êtesvous ?

Je suis très serein car nous avons une feuille de route que nous suivons scrupuleusement. Cela fait 3 ans que nous nous préparons et nous ajoutons peu à peu les ingrédients nécessaires à la réussite de nos athlètes. Le ski est un sport à risques qui demande beaucoup d’adaptabilité et qui par ailleurs est soumis à des données non maitrisables comme le temps ou le risque de blessure. Pour anticiper le plus possible et éviter les imprévus, nous travaillons autour de la récupération ou encore de la préparation des skis. Je pense que tous les feux sont au vert et que l’investissement est total mais le jour J, ils sont seuls…

Les Équipes de France (para ski alpin, para ski nordique, para snowboard) handisport ont réalisé de très belles performances la saison dernière et sont très attendues en Corée du Sud, cela représente-t-il une pression supplémentaire ?​

Les bons résultats de la France nous prouvent que les athlètes sont en capacité d’atteindre le meilleur. C’est évidemment une pression supplémentaire mais une bonne pression… un moteur ! Les performances significatives des athlètes à un an des Jeux Paralympiques de PyeongChang sont un facteur de motivation supplémentaire : ils savent qu’ils ont les armes pour reproduire ce qu’ils ont déjà réalisé pendant leur saison.



"C’est pour moi un grand honneur de conduire cette belle Équipe."

Marie Bochet​ - Porte-drapeau de l’Équipe de France

À 24 ans, la savoyarde sociétaire du club d’Albertville Handisport a été désignée porte-drapeau de l’Équipe de France Paralympique PyeongChang 2018. Quadruple championne paralympique, 15 titres de Championne du Monde, Marie aura deux missions à PyeongChang : représenter la France et faire retentir la Marseillaise !

Quelle fut ta réaction lorsque tu as appris ta nomination ?​

J’ai été très émue et touchée par cette annonce. Les gens autour de moi disaient : “ce sera toi le porte-drapeau, c’est évident !” Je n’y croyais pas vraiment et en même temps je pensais que ce serait une super expérience pour moi. Quand on m’a annoncé que j’étais choisie pour emmener la France à PyeongChang, j’ai réalisé à quel point on me faisait confiance en me donnant ce rôle !

As-tu hésité avant d’accepter ?​

Pour être tout à fait honnête, oui j’ai hésité ! J’ai beaucoup réfléchi car j’ai un gros programme sportif, je cours cinq épreuves sur ces Jeux et je prends le départ de la descente dès le premier jour, le lendemain de la cérémonie d’ouverture. À Sotchi, je n’avais d’ailleurs pas assisté à la cérémonie d’ouverture mais c’est un joli moment que je souhaite vivre avec mes copains de l’Équipe de France.
Avant de donner ma réponse, j’ai beaucoup discuté avec Vincent Gauthier-Manuel, para skieur alpin et porte-drapeau en 2014 à Sotchi, cela m’a aidé à prendre une décision. Bien évidemment mon objectif est sportif mais je sais que je peux relever ces deux challenges. J’aurais certainement dit non il y a quatre ans mais là c’est trop d’honneur pour refuser.

Comment envisages-tu ton rôle ?​

Cette mission me tient vraiment à coeur. Les équipes de France manquent en général de lien entre chaque discipline et notre unité a fait notre force à Sotchi il y a 4 ans. Cette équipe est formée de personnalités différentes mais complémentaires et je souhaite vraiment que l’on soit un collectif solidaire, qui a envie de se soutenir. Même si le jour J, celui de la compétition, nous sommes seuls, le partage est selon moi très important !

Quels sont tes objectifs sportifs ?​

J’ai très envie d’y être… Parfois je me sens complètement prête et parfois je sens que j’ai besoin de plus de préparation. En mars 2016, nous sommes allés à PyeongChang. J’ai découvert le site alpin : la piste a très bien été pensée et je me suis régalée. Je ne me mets pas de pression avec les résultats sportifs, je veux juste n’avoir aucun regret. Ce qui serait le plus grave pour moi, c’est de me dire que je n’ai pas tout donné…

Comment imagines-tu tes journées pendant les Jeux ?

Mes journées seront bien remplies, que ce soit sur les pistes ou aux côtés des athlètes de l’Équipe de France et de tous les membres de la délégation. En tout cas, je serai leur première supportrice et j’espère bien entendre retentir la Marseillaise le plus souvent possible !

Un petit mot pour les athlètes ?

La compétition sera certainement d’un niveau encore plus relevé avec des sportifs encore mieux affutés et du matériel en constante évolution. Abnégation, travail, combativité et humilité seront les mots clés. Bon courage et surtout ne lâchez rien !

Palmarès

Coupes du Monde 2018

  • Globe de Cristal : triple médaillée d’or en Slalom et double médaillée d’or en Slalom Géant

Coupes du Monde 2017

  • Médaillée d’or en Slalom et Slalom Géant

Championnats du Monde 2017

  • Triple médaillée d’or en Descente, Super G et Super Combiné.
  • Double médaillée d’argent en Géant et en Slalom

Championnats du Monde 2015

  • Quintuple médaillée d’or en Descente, Super G, Super Combiné, Slalom et Slalom Géant

Championnats du Monde 2013

  • Double médaillé d’or en Slalom et Géant

Paralympiques sotchi 2014

  • Quadruple médaillé d’or en Descente, Slalom Géant, Super Combiné, Super Géant